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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

presque perpendiculairement à plus de dix mille pieds, et sont couvertes de neiges perpétuelles. Il y en a cinq, mais trois seulement peuvent être vues à une grande distance. De là nous remontâmes l’une des fourches principales de la Rivière-à-Henri, faisant tous les jours de petits campements, de neuf à dix milles de distance les uns des autres. Souvent, dans ces petites courses, nous passâmes et repassâmes de hautes côtes, des torrents larges et rapides, des défilés étroits et dangereux. Souvent aussi nous rencontrâmes de beaux vallons, unis et ouverts, riches en pâturages qui offraient une belle verdure émaillée de rieurs, et où le baume des montagnes (le thé des voyageurs) abonde. Ce thé, lors même qu’il a été écrasé sous les pieds de plusieurs milliers de chevaux, remplit encore l’air de son délicieux parfum. Dans les vallons et les défilés que nous traversâmes, plusieurs montagnes attirèrent encore notre attention : quelques-unes formaient des cônes s’élevant à la hauteur de plusieurs milliers de pieds, à un angle de 45 à 50 degrés, très-unis et couverts d’une belle végétation : d’autres représentaient des dômes ; d’autres étaient rouges comme la brique bien brûlée, et portaient encore les empreintes de quelque grande convulsion de la nature ; les scories et la lave étaient tellement poreuses qu’elles flottaient sur l’eau ; on les trouvait répandues dans toutes les directions, et en plusieurs endroits en si grande abondance, qu’elles paraissaient avoir rempli des