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ses frères s’intéressent à son malheur, et viennent au secours de sa détresse ; aussi n’ont-ils point d’orphelins parmi eux. Ils sont polis, toujours d’une humeur joviale, très-hospitaliers, et s’aident mutuellement dans leurs besoins. Leurs loges sont toujours ouvertes à tout le monde ; ils ne connaissent pas même l’usage des clefs et des serrures. Un seul homme, par l’influence qu’il ajustement acquise grâce à sa valeur dans les combats et à sa sagesse dans les conseils, conduit la peuplade entière : il n’a besoin ni de gardes, ni de verrous, ni de barreaux de fer, ni de prisons d’État. Souvent je me suis répété : Sont-ce là des peuples que les gens civilisés osent appeler du nom de sauvages… ? Partout où j’ai rencontré des Indiens dans ces régions éloignées, j’ai trouvé parmi eux une grande docilité dans tout ce qui est propre à améliorer leur condition. La vivacité de leurs jeunes gens est surprenante ; leur amabilité, la douceur de leurs caractères et leurs relations entre eux sont remarquables. Trop longtemps on s’est accoutumé à juger les sauvages de l’intérieur par ceux des frontières : ces derniers ont appris les vices des blancs, qui, guidés par la soif insatiable d’un gain sordide, tâchent de les corrompre et les encouragent par leur exemple.

J’avais trouvé le camp des Têtes-Plates et des Ponderas dans le vallon de Pierre ; ce vallon est situé au pied des trois Tétons, montagnes pointues d’une hauteur prodigieuse, puisqu’elles s’élèvent