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jours après, dans une instruction, je promis une médaille à celui qui le premier pourrait réciter sans faute le Pater, l’Ave, le Credo, les dix commandements de Dieu et les quatre actes. Un chef se leva : « Mon Père, me dit-il, votre médaille m’appartient. » Et, à ma grande surprise, il récita toutes ces prières sans manquer un mot. Je l’embrassai et le fis mon catéchiste. Le bon sauvage mit tant de zèle et de persévérance dans son emploi, qu’en moins de dix jours toute la nation sut réciter les prières.

Pendant mon séjour parmi ce bon peuple, j’ai eu le bonheur de régénérer près de 600 d’entre eux dans les eaux salutaires du baptême ; tous désiraient ardemment d’obtenir la même grâce, et leurs dispositions étaient sans doute excellentes ; mais comme l’absence des missionnaires ne devait être que momentanée, je crus prudent de les remettre à l’année suivante, pour leur faire concevoir une grande idée de la dignité du Sacrement, et pour les éprouver dans ce qui regarde l’indissolubilité des liens du mariage, qui est une affaire inconnue parmi les nations indiennes de l’Amérique ; car ils se séparent souvent pour les causes les plus frivoles. Parmi les adultes baptisés se trouvaient les deux grands chefs, celui des Têtes-Plates et celui des Ponderas, tous deux octogénaires. Avant de leur conférer le saint Sacrement, comme je les excitais à renouveler la contrition de leurs péchés, l’Ours-Ambulant (c’est le nom du