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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

autres chefs avaient remarqué de défectueux dans leur conduite de la veille. À la voix de ce vieillard, que tous aiment et respectent comme un tendre père, ils s’empressaient de se lever, tout était en mouvement dans le village, et en quelques instants les bords de la rivière étaient couverts de monde.

Quand tous se trouvaient prêts, je sonnais la cloche pour la prière et depuis le premier jour jusqu’au dernier, ils ont continué à montrer la même avidité d’entendre la parole de Dieu. L’empressement était si grand, qu’ils couraient pour avoir une bonne place ; les malades mêmes s’y faisaient porter. Quelle leçon pour les chrétiens lâches et pusillanimes des anciens pays catholiques, qui ont toujours assez de temps pour se rendre aux offices divins et croient satisfaire lorsqu’ils arrivent au premier évangile, et qu’ils obtiennent la bénédiction à l’ite missa est ; et pour ceux qui prétextent la moindre infirmité ou l’apparence du mauvais temps pour se dispenser de l’obligation d’assister à la sainte Messe et aux sermons de leurs pasteurs ! Cette ardeur pour la prière et l’instruction (et je leur prêchais régulièrement quatre fois par jour), au lieu de diminuer, s’est augmentée jusqu’à mon départ. Ils me disaient souvent qu’ils faisaient leurs délices d’entendre la parole de Dieu. Le lendemain de mon arrivée parmi eux, je n’eus rien de plus pressé que de traduire les prières dans leur langue à l’aide d’un bon interprète. Quinze