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VOYAGES

pour des sauvages, plusieurs cantiques de leur propre composition, à la louange de Dieu. Il me serait impossible de vous décrire les émotions que j’éprouvais en ce moment. Qu’il est touchant pour un missionnaire d’entendre publier les bienfaits du Très-Haut par de pauvres enfants des forêts qui n’ont pas encore eu le bonheur de recevoir la lumière de l’Évangile !

Tous les matins, au point du jour, le vieux chef se levait le premier ; puis montant à cheval, il faisait le tour du camp pour haranguer son peuple. C’est une coutume qu’il a toujours observée, et qui a maintenu, je pense, ces Indiens dans la grande union et dans la simplicité admirable que l’on remarque parmi eux. Ces 1,600 personnes, par ses soins paternels et ses bons avis, paraissaient ne former qu’une seule famille, où l’ordre et la concorde régnaient d’une manière vraiment étonnante. « Allons, s’écriait-il, courage, mes enfants, « ouvrez les yeux ! Adressez vos premières pensées et vos premières paroles au Grand-Esprit. Dites-lui que vous l’aimez, qu’il vous fasse miséricorde. Courage, car le soleil va paraître, il est temps que vous alliez à la rivière pour vous laver. Soyez prompts à vous rendre à la loge de notre Père au premier son de la cloche ; soyez-y tranquilles ; ouvrez vos oreilles pour entendre et votre cœur pour retenir toutes les paroles qu’il vous dira. » Il faisait ensuite des remontrances paternelles sur ce que lui et les