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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

instruire de tout ce qui concerne notre salut, nous avons député de nos gens, à différentes reprises, à la Grande Robe-Noire de Saint-Louis (Mgr l’Évêque) afin qu’il envoie un Père pour nous parler… Robe-Noire, nous suivrons les paroles de votre bouche. » J’eus ensuite un long entretien sur la religion avec ces braves gens ; je leur expliquai l’objet et les avantages de ma mission, et la nécessité de se fixer en permanence dans un endroit avantageux et fertile. Tous m’exprimaient le plus grand contentement et montraient beaucoup d’ardeur pour échanger l’arc et le carquois contre la bêche et la charrue.

J’établis avec eux un règlement pour les exercices spirituels, particulièrement pour les prières du matin et du soir en commun, et pour les heures des instructions. Un des chefs m’apporta aussitôt une cloche pour donner les signaux, et, dès la première soirée, je rassemblai tout le monde autour de ma loge. Je leur fis connaître ma conversation avec leurs chefs, le plan que j’allais suivre pour leur instruction, et les dispositions nécessaires que le Grand-Esprit demandait d’eux, pour comprendre et pratiquer la sainte loi de Jésus-Christ, qui seule pouvait les sauver des peines de l’enfer, les rendre heureux sur la terre et leur procurer, après cette vie, un bonheur éternel avec Dieu dans le ciel. Je dis ensuite les prières du soir, et pour conclusion ils chantèrent ensemble, dans une harmonie qui me surprit beaucoup, et que je trouvai admirable