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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

riant de ne pas craindre, que j’étais sur un excellent bateau ; et en effet cette machine flottait sur l’eau comme un cygne majestueux, et en moins de dix minutes je me trouvai sur l’autre bord, où nous campâmes pour la nuit. Le lendemain nous eûmes encore à gravir une haute montagne à travers une épaisse forêt de pins, et sur la cime nous trouvâmes la neige qui était tombée pendant la nuit, à la hauteur de deux pieds. C’est une chose très-remarquable dans cette région ; quand il pleut en été dans la vallée, la neige tombe à gros flocons sur les montagnes. En descendant dans le beau vallon appelé Pierre, nous trouvâmes le sentier escarpé et glissant. Les chevaux et les mulets des montagnes sont très-adroits dans ces sortes de passages dangereux ; on n’a qu’à les laisser faire, et l’on est sûr d’être sauf ; le cavalier qui voudrait s’obstiner à les guider dans ces circonstances serait en danger, à chaque pas, de se casser le cou.

Dans les vallées des montagnes, le sol est en général noirâtre, quelquefois jaune. Souvent il est entremêlé de marne et de substances marines dans un état de décomposition. Cette espèce de sol pénètre à une grande profondeur, comme on le voit dans les vastes coupures des ravins et sur les bords des rivières. La végétation dans ces vallées est très-abondante ; c’est un pays où le géologue peut admirer les grands mouvements d’opération volcanique ; il y trouve en même temps de quoi examiner les différentes formations des laves, etc.