Page:Pierre-Jean De Smet - voyages aux Montagnes Rocheuses.djvu/73

Cette page a été validée par deux contributeurs.
25
AUX MONTAGNES ROCHEUSES

bien pourvus de chevaux. Au rendez-vous ils firent leur parade pour saluer les blancs qui s’y trouvaient. Trois cents de leurs guerriers se rendirent en ordre et au grand galop au milieu de notre camp. Ils étaient hideusement barbouillés, armés de leurs massues, et tout couverts de plumes ; de perles, de queues de loups, de dents et de griffes d’animaux, bizarres ornements, dont chacun s’était paré selon son caprice. Ceux qui avaient reçu des blessures dans les batailles, et ceux qui avaient tué des ennemis de leur tribu, montraient avec ostentation leurs cicatrices et faisaient flotter au bout de perches, en forme d’étendards, les chevelures qu’ils avaient enlevées. Après avoir fait plusieurs fois le tour du camp, en poussant par intervalles des cris de joie, ils descendirent de cheval et vinrent donner la main à tous les blancs en signe d’amitié.

Les principaux chefs, au nombre de trente environ, m’invitèrent à un conseil. Comme parmi les Sheyennes, il fallut aussi passer par toutes les cérémonies du calumet : le chef traça d’abord un petit cercle sur la terre, y plaça un morceau brûlant de fiente sèche de vache, et y alluma son calumet. Il offrit ensuite la pipe au Grand-Esprit, au soleil, à la terre et aux quatre points cardinaux. Les autres gardaient tous le plus profond silence et restaient assis immobiles comme des statues. Le calumet passa de main en main, et je remarquai que chacun avait une manière différente de