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VOYAGES

j’y mettais au moins deux ou trois heures. Il faut que cela soit dû à la grande pureté de l’atmosphère dans les prairies de cette haute région. L’absinthe est une production spontanée de ce pays, elle y croît à une hauteur de huit à dix pieds, et en si grande abondance qu’elle rend le voyage en charrette très-incommode. Les cerises à grappes, les groseilles, les poires des côtes (petit fruit noir excellent) y sont très-abondantes. Le sureau y croît dans les ravins ; le cotonnier de deux espèces est commun dans les bas-fonds ; sur les bords clés rivières et sur la pente des montagnes, on voit des bocages de cèdres et de pins.

Le 14, nous campâmes au pied de la Butte-Rouge. Cette côte très-élevée, de couleur d’ocre rouge, composée d’argile à l’état de pétrification, est un point central qui voit sans cesse passer et repasser les sauvages, soit qu’ils émigrent à l’ouest, soit qu’ils remontent vers le nord. La branche du nord de la Plate, que nous avions suivie jusqu’ici, prend là une direction méridionale ; sa source est à cent cinquante milles plus haut. De la Butte-Rouge nous passâmes par un coteau élevé sur la Rivière-de-l’eau-Douce, ainsi appelée à cause de la grande pureté de ses eaux. L’endroit le plus remarquable de cette rivière est celui où se trouve le fameux rocher Indépendance ; c’est le premier roc massif de cette fameuse chaîne de montagnes qui divise l’Amérique septentrionale, et que les voyageurs appellent l’Épine dorsale de l’univers ; il est composé de