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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

qu’un zélé missionnaire réussirait très-bien dans son ministère chez ces sauvages. Leur langue, dit-on, est très-difficile ; leur nombre est d’environ deux mille. Les nations voisines considèrent ces Indiens comme les guerriers les plus courageux des prairies.

Le fort la Ramée se trouve au pied des Cotes-Noires. On ne remarque rien, ni dans la couleur du sol de ces montagnes, ni dans celle des rochers, qui puisse leur donner ce nom ; elles le doivent à la sombre verdure des petits cèdres et des pins qui ombragent leurs flancs. La terre végétale près des rivières et dans les vallées est assez bonne ; les terres hautes sont très-stériles et presque entièrement couvertes de blocs de granit, de quartz, de marcassite (fer sulfuré) et d’autres espèces de pierres entremêlées, qui indiquent évidemment qu’à une époque éloignée il y a eu dans cette région de grandes convulsions souterraines. On voit à la Ramée une branche des montagnes Rocheuses à la distance de quarante milles. Elle a cinq mille pieds au-dessus de la plaine. Le thermomètre de Fahrenheit montait tous les jours jusqu’à 80 et 90 degrés dans les vallons de ces montagnes ; et cependant leurs sommets étaient couverts de neige. Souvent je me suis trompé par rapport aux distances : quelquefois je désirais examiner de près un grand rocher ou une côte d’une apparence singulière ; je m’y dirigeais dans la persuasion de m’y rendre à cheval en une heure ; et