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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

étaient polis, propres et décents dans leurs manières. Les hommes en général sont d’une grande taille, droits et vigoureux ; ils ont le nez aquilin et le menton fortement prononcé. L’histoire de cette nation est celle de toutes les tribus sauvages des prairies : ce sont les restes de la puissante nation des Shaways, anciens habitants de la Rivière-Rouge qui se jette dans le lac Winnipeg. Les Sioux, leurs irréconciliables ennemis, les forcèrent, après une longue guerre, à passer le Missouri, et à se réfugier sur une petite rivière appelée Warrikane, où ils se fortifièrent ; mais les vainqueurs vinrent les y attaquer de nouveau, et les poussèrent, de poste en poste, jusqu’au milieu des Côtes-Noires, sur les eaux de la Grande-Sheyenne. Après tous ces revers, leur tribu a perdu même son nom ; elle n’est plus connue que sous celui de la rivière qu’elle fréquente. Maintenant les Sheyennes, craignant une autre attaque de leurs cruels ennemis, ne font plus d’efforts pour s’établir dans une demeure permanente. Ils ont embrassé la vie nomade, vivent de la chasse et suivent le buffle dans ses différentes migrations.

Les grands chefs de ce village m’invitèrent à un festin et me tirent passer par toutes les cérémonies du calumet, c’est-à-dire qu’ils font d’abord fumer le Grand-Esprit en élevant la pipe vers le ciel, ensuite vers le soleil, la terre et l’eau ; puis le calumet fait trois fois le tour de la loge ; il passe de main en main, et chacun en tire une demi-douzaine