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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

la ruse pour en approcher : il s’élance au grand galop vers l’animal ; celui-ci part comme un éclair, laissant le cavalier à une grande distance derrière lui : bientôt il s’arrête pour l’observer (c’est un animal très-curieux) ; pendant ce temps, le chasseur descend de cheval et se couche ventre à terre ; il fait toutes sortes de cabrioles avec les bras et les jambes, secouant de temps en temps son mouchoir, ou un bonnet rouge, au bout de la baguette de son fusil. Le cabri approche à pas lents pour le reconnaître et l’observer ; et lorsqu’il est à la portée de la carabine, le chasseur lui lâche son coup et le tue. Souvent il en abat jusqu’à six, avant que la bande se disperse. Les autres animaux sont rares dans cette région ; il y a cependant des signes évidents que le gibier n’y a pas toujours manqué.

Pendant plusieurs journées de marche, nous trouvâmes toute la plaine couverte d’ossements et de crânes de buffles peints, rangés en cercle ou en demi-lunes, et portant différentes devises ; c’est au milieu de ces crânes que les Pawnees ont coutume de pratiquer leurs sortilèges superstitieux, lorsqu’ils vont à la guerre ou à la chasse. Le matelot, après un long voyage sur mer, se réjouit à la vue d’herbes flottantes, ou de petits oiseaux de terre, qui, venant se reposer sur les cordages du navire, lui donnent des signes certains qu’il approche du terme de sa course. De même, dans ce désert, le voyageur, fatigué de vivre si long-