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DES POTTOWATOMIES

l’ai reçue. En tous cas, ce qu’il y a de certain, c’est que l’on voit dans le roc, à une hauteur inaccessible, la figure d’un énorme oiseau qui paraît ciselée. Jamais un sauvage ne passe par cet endroit, dans son canot, sans tirer un coup de fusil sur la figure de l’oiseau. Les marques que les balles ont laissées sur le roc sont presque innombrables. Les ossements de plusieurs milliers d’hommes sont entassés dans les cavernes tout autour du Piasa comment, par qui, et pourquoi ? Il n’est pas aisé de le deviner.

Trois des grands chefs de la nation Pawnee sont venus nous visiter, et ont logé dans notre cabane. Ils avaient remarqué le signe de la croix que nous faisions avant et après nos prières et après les repas : de retour chez eux, ils ont appris à toutes les personnes de leur village à former le même signe, comme quelque chose d’agréable au Grand-Esprit ; ils nous ont priés, par leur interprète, de venir les visiter. Le gouvernement leur avait envoyé un ministre protestant, ils n’ont point voulu le garder chez eux. « Ils savaient, lui dirent-ils, que le démon l’accompagnait ; et comme ils ne voulaient pas de cet hôte dans leurs villages, ils ne pouvaient pas l’y admettre lui-même… » L’usage des liqueurs est interdit chez eux, et quand on veut leur en apporter, ils répondent qu’ils sont déjà assez fous sans la boisson… Ils ont aussi une coutume singulière : ils se mangent la vermine les uns aux autres, et