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TRADITIONS, MOEURS ET COUTUMES

parente du défunt peut lui rendre ce service par compassion.

Pendant une année entière le Pottowatomie nourrit l’âme de son parent mort ; à chaque repas qu’il prend, il jette une partie de sa nourriture au feu, croyant que 1 âme en reçoit du soulagement et de la force. Les Ottoes, nos plus proches voisins, étranglent ordinairement un ou deux de leurs meilleurs chevaux sur le tombeau de leur camarade, afin qu’il monte dessus dans son grand voyage en l’autre monde ; et ils suspendent les queues de ces chevaux au bout de longues perches. Le Ciel, conformément à leurs idées, est une immense prairie, au delà du coucher du soleil, où le printemps est éternel, et qui est remplie d’innombrables espèces d’herbes, de buffles, de cerfs, de chevreuils, d’ours et de toutes sortes d’animaux.

Quand un chef ou un brave de la nation est enterré, tous les guerriers qui ont remporté quelque trophée sur les ennemis, s’assemblent pour lui rendre les derniers devoirs. Ils accompagnent la bière jusqu’au lieu de la sépulture, où l’un des principaux orateurs prononce l’oraison funèbre. Il rappelle toutes les belles qualités du défunt, toutes les actions remarquables de sa vie, les ennemis que sa hache a immolés, les chevelures qu’il a arrachées et les bêtes féroces qu’il a tuées. Ils le placent ensuite dans la tombe, le visage tourné vers le coucher du soleil ; lui remettent sa carabine, sa lance, son arc et ses flèches ; remplissent