Page:Pierre-Jean De Smet - voyages aux Montagnes Rocheuses.djvu/431

Cette page a été validée par deux contributeurs.
383
DES POTTOWATOMIES

disant que parce qu’elle n’a pas voulu les écouter dans le temps, le Grand-Esprit l’a rejetée… Les indiens Sanks, qui sont à deux journées vers le nord, étaient rangés sur les bords du fleuve pour nous voir passer ; les chefs, qui avaient souvent visité notre résidence, nous reconnurent à notre robe noire, nous saluèrent très-cordialement par un cri de joie, et nous souhaitèrent un bon et heureux voyage… Les Aouas, que nous avons visités en passant, nous parurent aussi très-favorables, et voulurent nous retenir parmi eux : leur grand chef, le Nuage-Blanc, avait été mon disciple à Saint-Ferdinand, il y a environ douze ans… Avant de nous rendre à notre destination, nous avons traversé les villages des Ottoes. Ils bâtissent leurs cabanes en forme de monticules, et ils les recouvrent de gazon : ces cabanes sont si grandes, que cent cinquante personnes peuvent y loger à leur aise ; l’intérieur ressemble à un temple : les soliveaux qui supportent les mottes de terre s’appuient sur une vingtaine de piliers ou poteaux ; un trou ménagé au sommet reçoit la lumière et donne passage à la fumée. La nation est pauvre et très-adonnée au vol et à la boisson : ce sont les seuls Indiens que je connaisse qui, dans leurs malheurs et leurs revers, s’en prennent au Grand-Esprit et osent blasphémer.

Un jour que le bateau s’était arrêté et que l’équipage était descendu pour couper du bois, je m’écartai du rivage à une assez grande distance ;