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CHEZ LES TRIBUS INDIENNES

Les Américains qui habitent le fort Union à l’embouchure de la Roche-jaune pour le commerce des pelleteries parmi les Assiniboins, nous reçurent avec beaucoup de politesse et de bienveillance. Nous nous y reposâmes pendant trois jours. Un voyage si long, fait sans interruption à travers un désert où régnaient alors la sécheresse et la stérilité, avait beaucoup épuisé nos pauvres montures ; une seconde course de 1800 milles ne devait pas s’entreprendre à la légère. Tout bien considéré, je pris la résolution de vendre nos chevaux au commandant du fort, et de me confier dans un esquif, accompagné d’Ignace et de Gabriel, au courant impétueux du Missouri ; et bien nous en prit, car le troisième jour de notre descente, à notre grande surprise et satisfaction, nous entendîmes de loin le bruit d’un bateau à vapeur, et bientôt après nous le vîmes s’avancer majestueusement. C’est le premier bateau qui ait jamais essayé de remonter le fleuve aussi haut dans cette saison, chargé de marchandises pour la traite des pelleteries. Notre première pensée fut de remercier Dieu de cette nouvelle faveur. Les quatre propriétaires, qui étaient de New-York, et le capitaine m’invitèrent généreusement à venir à bord : j’acceptai avec d’autant plus d’empressement, qu’ils m’assurèrent que plusieurs partis de guerre se trouvaient en embuscade le long du fleuve. Je fus pour ces messieurs l’objet d’une vive curiosité : ma soutane, ma croix, mes longs cheveux exci-