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CHEZ LES TRIBUS INDIENNES

ment me quitter, et faire place à une frayeur secrète, que j’essayai toutefois de combattre et de cacher à mes compagnons de voyage. Les circonstances ne semblaient guère propres à nous tranquilliser : bientôt nous remarquâmes des traces fraîches d’hommes et de chevaux, qui ne nous laissèrent aucun doute sur la proximité de l’ennemi : notre guide nous dit même qu’il nous croyait déjà découverts, mais qu’en continuant nos précautions, nous parviendrions peut-être à éluder les desseins qu’on pouvait avoir contre nous ; car il est rare que les sauvages attaquent en plein jour. Voici donc la marche que nous suivîmes régulièrement jusqu’au 10 septembre. Nous montions à cheval dès l’aurore ; vers les dix heures nous faisions halte pendant une heure et demie, ayant soin de choisir un lieu qui, en cas d’attaque, pût offrir quelque avantage pour la défense. Nous reprenions ensuite le trot jusqu’au coucher du soleil. Après notre repas du soir, nous allumions un grand feu, et nous dressions à la hâte une cabane de branches d’arbres pour faire croire aux ennemis qui pouvaient être aux aguets, que nous étions campés là pour la nuit ; car dès que leurs vedettes ont découvert une proie, ils en donnent connaissance à tous les sauvages au moyen de signaux convenus, et ceux-ci se rassemblent aussitôt pour concerter leur plan d’attaque. Afin donc de nous mettre à l’abri de toute surprise, nous poursuivions notre route