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UNE ANNÉE DE SÉJOUR

étaient toujours remplis de passagers, qui allaient et venaient plus nombreux que les bandes de buffles paissant par milliers dans quelques-unes de leurs belles prairies, ils ne pouvaient revenir de tant de merveilles.

Mais quand je leur eus fait comprendre la célérité extraordinaire de ces loges mouvantes (wagons), traînées par des machines qui vomissent des flots de fumée et laissent loin derrière elles les coursiers les plus agiles ; et ces canots à feu (bateaux à vapeur), qui transportent en peu de jours, avec armes et bagages, des villages entiers d’un pays à un autre, traversent des lacs immenses (les mers), remontent et descendent les grands fleuves et les rivières ; quand j’ajoutai que j’avais vu des blancs s’élever dans les airs (en ballon) et planer au milieu des nues comme l’aigle de leurs montagnes : l’étonnement fut à son comble, et tous mirent leur main sur la bouche, en poussant un cri d’admiration : « Le maître de la vie est grand, disait le chef, et les blancs sont ses favoris. »

C’était surtout la prière (la religion), qui paraissait les intéresser : quelle attention ne prêtèrent-ils pas aux vérités que je leur expliquais ! ils en avaient déjà entendu parler ; ils savaient, disaient-ils, que cette prière rend les hommes sages et heureux sur la terre, et leur procure ensuite le bonheur dans la vie future. Aussi me demandèrent-ils la permission de rassembler tout le camp,