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CHEZ LES TRIBUS INDIENNES

j’ai parcourue n’offrait que des plaines immenses, mais en général peu fertiles, et des forêts clairsemées de pins à gomme. Nous ne vîmes dans cette solitude silencieuse qu’un seul chevreuil bondir devant nous à pas précipités et disparaître comme un trait ; de temps en temps le cri perçant et mélancolique de l’épervier vient augmenter les idées sombres que cette triste région enfante.

Dans un coin riant de cette terre se sont établis, depuis environ quatre ans, deux ministres protestants américains, accompagnés de leurs femmes qui se sont généreusement associées à leurs travaux apostoliques. Jusqu’à ce jour, ils y ont baptisé plusieurs de leurs propres petits enfants. Ils cultivent une ferme, assez grande pour assurer leur subsistance et l’entretien de leurs animaux domestiques, dont ils sont pourvus à peu près comme les fermiers d’Europe. Il leur serait facile d’agrandir leur domaine et d’en augmenter considérablement les produits : mais leur superflu ne manquerait pas de leur attirer les visites des sauvages, qu’ils tâchent de tenir aussi éloignés que possible de leur propriété, et avec lesquels ils évitent soigneusement jusqu’aux moindres relations. Voilà pourtant de ces gens que les sociétés protestantes ont envoyés travailler à la conversion des sauvages !

Les Spokanes que je rencontrai sur ma route me reçurent avec les plus grandes démonstrations d’amitié, et furent ravis d’apprendre qu’un établis-