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UNE ANNEE DE SÉJOUR

d’alène : je serais resté plus longtemps, mais eux-mêmes devaient lever le camp parce qu’ils étaient sans vivres ; mes propres provisions tiraient à leur fin, et il me restait encore quatre fortes journées jusqu’au fort Colville. Le second jour de ma visite, je baptisai tous les petits enfants de la nation, et vingt-quatre adultes infirmes ou dans l’extrême vieillesse. Il semblait que le bon Dieu n’avait retenu ces braves gens sur la terre que pour leur accorder le bonheur ineffable de recevoir le saint Sacrement du baptême : dans leurs transports de joie et de reconnaissance, on aurait cru reconnaître le Nunc dimittis du saint vieillard Siméon.

Jamais visite parmi les sauvages ne m’a donné autant de sujets de consolation et de marques d’une véritable conversion à Dieu : je n’en excepte pas même ma visite chez les Têtes-plates en 1840. Prions le Seigneur afin qu’ils persévèrent dans leurs bons propos. Le P. Point ira passer l’hiver avec eux pour achever cette conquête. Après quelques avis et règlements salutaires, je quittai cette intéressante peuplade, je l’avoue, avec beaucoup de regret. Les trois nuits que je passai au milieu d’eux, le grand chef ne donna que peu de moments au repos ; il se levait de temps en temps pour haranguer dans le village, répétant tout ce qu’il avait pu retenir des instructions de la journée ; et pendant tout le temps que duraient les instructions, il était à mes côtés, ne voulant pas perdre