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CHEZ LES TRIBUS INDIENNES

tout doucement, dès avant l’aurore. Je me levai et m’agenouillai ; à mon exemple, tous se mirent à genoux, et nous fîmes ensemble à Dieu l’offrande de la journée et de nos cœurs. Le chef me dit alors : « Robe-noire, nous sommes venus, ici de grand matin pour vous observer ; car nous voudrions faire comme vous. Votre prière est bonne, nous voudrions l’adopter. Mais vous partez après deux nuits, et nous n’avons personne pour nous l’apprendre dans votre absence ! » Je fis sonner la clochette pour la prière du matin, et lui promis qu’elle serait suffisamment connue avant mon départ. Après une nouvelle instruction sur les principales vérités de la Religion, je rassemblai tous les enfants de la peuplade, filles et garçons : j’en choisis deux auxquels j’appris l’Ave Maria, assignant à chacun son verset ; sept autres furent choisis pour le Pater ; dix pour le Décalogue, et douze pour le Symbole des Apôtres. Cette méthode, qui n’était alors qu’un premier essai, m’a parfaitement réussi : je redisais à chacun sa leçon jusqu’à ce qu’il la sût par cœur, et après cinq ou six répétitions, ces petits Indiens, rangés en triangle comme un chœur d’anges, récitaient de file chacun sa partie, au grand étonnement et à la pleine satisfaction des sauvages. Ils continuèrent cet exercice soir et matin, jusqu’à ce qu’un des chefs connût toutes les prières et les récitât en public.

Je passai trois jours à instruire ces bons Cœurs-