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XXIX
ABRÉGÉ

Esprit. Il dut assister à plus de vingt festins dans les loges des grands chefs, bien entendu avec la permission de louer une bande de mangeurs ; ces jeunes gens se prêtèrent volontiers à remplir leur besogne, et à faire honneur aux plats bien fournis, que les bons sauvages, dans leur respect pour la Robe-noire, eurent la bonté et la politesse de lui offrir. Les chiens rôtis et bouillis figurent toujours au menu dans ces sortes d’occasions. Au fort Berthold, le Père De Smet baptisa tous les enfants métis.

On mit dix jours environ pour se rendre au Fort Pierre Chouteau,[1] près de l’embouchure de la Mauvaise petite rivière. Le P. De Smet et ses compagnons prirent le large ; les sauvages de la tribu des Pieds-noirs les firent prisonniers. Cette fois-ci, tout de bon, ils eurent la pensée que leur dernière heure allait bientôt sonner. — Les Indiens emmenèrent les captifs dans leur camp ; le chef, à la tête de tous ses braves, les y reçut avec les plus grandes marques de respect, que les Peaux-rouges ne témoignent que dans les occasions les plus solennelles. Un grand festin termina cette rencontre et on en

  1. M.  Pierre Chouteau était un catholique français qui, vers la fin du siècle dernier, émigra aux États-Unis et alla s’établir dans le Missouri. Il s’enrichit prodigieusement par le commerce des pelleteries et l’achat de terres non défrichées qu’il vendit à des prix très-rémunérateurs. Il laissa à ses héritiers une immense fortune. Son fils, M. Charles Chouteau, est aujourd’hui un des négociants les plus opulents de la ville de Saint-Louis. Dans un voyage que nous fîmes aux États-Unis en 1867-1868, le R. P. De Smet eut l’obligeance de nous présenter dans cette respectable famille.
    (Note de l’Éditeur.)