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UNE ANNEE DE SÉJOUR

maintes cabrioles à ma mule effrayée, au grand amusement des sauvages. Ils défilèrent ensuite devant moi pour me donner la main en signe de congratulation et d’amitié ; et je remarquai que chacun, après me l’avoir présentée, la portait à son front. Bientôt après, je les réunis en conseil pour leur faire connaître l’objet de mon voyage. À l’unanimité des voix ils se déclarèrent en faveur de la Religion, et adoptèrent la belle coutume de leurs voisins les Têtes-plates et les Kalispels, de se réunir tous les soirs et matins pour dire la prière en commun. Je les rassemblai à cette fin le soir même, et leur fis une longue instruction sur les points principaux de la Religion. Comme ils avaient été instruits de longue main, quoique imparfaitement, par un Iroquois qui depuis trente ans demeurait dans leur nation, et par un jeune Canadien qui s’était joint à eux, je baptisai le lendemain tous leurs petits enfants, et neuf adultes des mieux instruits, entre autres la femme de l’Iroquois.

Ma visite ne pouvait être longue : je quittai le village des Skalz vers le midi, accompagné de douze de leurs guerriers et de quelques métis Kriesquej avais baptisés en 1840. Ils voulurent me servir d’escorte jusqu’à l’entrée du grand lac Tête-plate, dans le désir de m’y donner un festin d’adieu de toutes les bonnes choses que leurs terres leur procurent. Les guerriers avaient pris les devants et s’étaient dispersés dans toutes les