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CHEZ LES TRIBUS INDIENNES

hommes, et après leur avoir recommandé de mettre toute leur confiance en Dieu, fondit si à propos et avec tant de vigueur sur les traîtres, que dès le premier choc ils furent enfoncés. Déjà neuf des fuyards avaient succombé, et c’en était fait de la plupart des autres, si dans la chaleur de la poursuite Michel ne se fût souvenu que ce jour là était un dimanche et qu’il était temps de vaquer à la prière.

C’est par des coups semblables, où le doigt de Dieu est visible, que les Têtes-plates se sont acquis aux yeux de leurs ennemis une réputation de valeur telle, que ceux-ci, malgré la supériorité de leur nombre, les craignent beaucoup plus qu’ils n’en sont craints.

Cependant ces victoires ne pouvant être que funestes même aux vainqueurs, nous ne pouvons nous défendre de leur inspirer vivement à tous le désir de vivre en paix, et par une conséquence nécessaire celui de rester chacun chez soi. Mais pour parvenir à ce but, il faudrait leur donner autant de goût pour l’agriculture qu’ils en ont maintenant pour la chasse ; et comment opérer ce prodige, à moins qu’on ne fasse, pour les missions des montagnes Rocheuses, ce qu’on a fait autrefois pour celles du Paraguay ? Si les vrais amis de la Religion savaient de quelles vertus sont capables, une fois qu’ils sont convertis, les Indiens qui nous environnent, je n’en doute pas, ils se hâteraient de nous fournir d’abondants secours pour l’exécution d’un si beau plan.