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CHEZ LES TRIBUS INDIENNES

l’aridité plus triste, la neige plus embarrassante ; mais hier le repos a été sanctifié, aujourd’hui la résignation est parfaite : confiance ! Vers le milieu du jour nous atteignons le sommet d’une haute montagne. Quel changement ! le soleil luit, le froid a perdu de son intensité, nous avons sous les yeux une plaine immense ; dans cette plaine, de bons pâturages ; dans ces pâturages, des nuées de buffles ; le camp s’arrête, les chasseurs se rassemblent, ils partent, et le soleil n’a pas encore achevé sa carrière, que déjà cent cinquante-trois buffles sont tombés sous leurs coups. Il faut en convenir, si cette chasse ne fut point miraculeuse, elle reste semble beaucoup à la pêche qui le fut. Au nom du Seigneur, Pierre jeta ses filets, et prit cent cinquante-trois gros poissons : au nom du Seigneur, le camp des Têtes-plates eut confiance, et abattit cent cinquante-trois buffles. La belle pêche ! mais aussi, la belle chasse ! Imaginez-vous en effet un immense amphithéâtre de montagnes dont la moins élevée surpasserait hauteur Montmartre ; au milieu de cette majestueuse enceinte, une plaine qui surpasserait en étendue celle de Paris ; dans ce magnifique bassin, d’innombrables légions d’animaux dont le plus petit surpasserait en grosseur le plus grand bœuf d’Europe : tel était le parc où giboyaient les chasseurs. Dans le dessein de coopérer à la besogne, je poussai mon cheval vers un esca-