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UNE ANNÉE DE SÉJOUR

si constamment rigoureux, que pendant toute la durée de la chasse, qui fut de trois mois, on ne vit tomber du ciel que des flocons de neige ; tellement que plusieurs furent frappés d’une sorte de cécité douloureuse, nommée vulgairement le mal de neige, et qu’un jour qu’il neigeait, ventait et gelait plus que de coutume, sans un grand feu allumé par deux ou trois chasseurs qui voyaient pâlir le P. Point, il serait resté gelé au milieu de la plaine.

Cependant ni la gelée, ni le vent, ni la neige, ni la disette ne purent empêcher nos bons Têtes-plates d’accomplir en voyage tout ce qu’ils faisaient à Sainte-Marie. Tous les jours, matin et soir, le camp se rassemblait autour de la loge du Missionnaire, et tandis que plus des trois quarts n’avaient d’autre abri que le ciel, ils écoutaient après les prières une instruction toujours précédée et suivie de cantiques. Au point du jour et au coucher du soleil, on sonnait la clochette pour adresser trois fois le salut de l’Ange à la Patronne de la peuplade.

Le dimanche fut toujours religieusement observé ; et cette fidélité fut si agréable à Dieu, qu’une fois, entre autres, elle fut récompensée d’une manière bien éclatante. Voici ce que je lis dans le journal de la chasse d’hiver du P. Point. « Le 6 février. Aujourd’hui dimanche, grand vent, ciel grisâtre, froid plus que glacial, point d’herbe pour les chevaux, les buffles mis en fuite par les Nez-percés. Le 7, le froid est plus piquant,