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UNE ANNEE DE SÉJOUR

tinuai à instruire ceux d’entre les Têtes-plates qui n’avaient pas encore été baptisés ; et, à la fête de Noël, je pus ajouter à ce qui s’était fait le 3 décembre cent cinquante nouveaux baptêmes et trente-deux mariages. Ainsi les Têtes-plates, les uns plutôt, les autres plus tard, mais tous, à très-peu d’exceptions près, avaient fait dans l’espace de trois mois tout ce qu’il fallait pour mériter le glorieux litre de vrais enfants de Dieu ; aussi la veille de Noël, quelques heures avant la messe de minuit, le village de Sainte-Marie fut-il trouvé digne des complaisances du Ciel, puisque la Vierge Mère daigna apparaître dans la loge d’une pieuse femme à un petit orphelin, nommé Paul.

Le jeune âge de cet enfant, sa piété, sa candeur, la nature même du fait qu’il rapporte, ne permettent pas de suspecter le moins du monde la sincérité de son récit. Voici ce qu’il m’a raconté de sa propre bouche. « En entrant dans la loge de Jean, où j’étais allé pour qu’il m’aidât à apprendre les prières que je ne savais pas encore, j’ai vu, me dit-il, une personne qui était bien belle : ses pieds ne touchaient pas la terre, ses vêtements étaient blancs comme la neige ; elle avait une étoile au-dessus de sa tête, et sous ses pieds un serpent tenant un fruit que je ne connais pas. J’ai vu aussi son cœur : il en sorti tait des rayons de lumière qui venaient vers moi ; quand j’ai vu cela, d’abord j’ai eu peur, ensuite je n’ai plus eu peur. Mon cœur était