Page:Pierre-Jean De Smet - voyages aux Montagnes Rocheuses.djvu/358

Cette page a été validée par deux contributeurs.
310
UNE ANNEE DE SÉJOUR

en effet c’était Paul, surnommé le Grand-visage, grand chef de la nation, Paul qui, à raison de sa vertu et de son grand âge, avait reçu le baptême l’année précédente, Paul que l’on croyait absent, mais qui venait d’arriver comme par une permission de Dieu, pour avoir la satisfaction de nous présenter lui-même à sa peuplade. Vers le coucher du soleil, nous jouissions de la scène la plus touchante : les missionnaires étaient entourés de leurs chers néophytes ; hommes, femmes, jeunes gens, enfants portés entre les bras de leurs mères, c’était à qui viendrait le premier nous serrer la main ; les cœurs étaient émus ; cette soirée fut vraiment belle.

Le jour du Saint Nom de Marie, 12 septembre, tout le camp renouvela la consécration de la tribu à la future Patronne de la première réduction. Cette consécration avait déjà été faite par l’avant-garde le 29 août, jour où l’église célébrait la fête du Cœur très-pur de Marie : il semble que le Dieu des chrétiens voulait donner à ses nouveaux enfants la consolation de voir les principales époques de leur vie coïncider et s’identifier en quelque sorte avec les plus beaux jours consacrés à la mémoire de leur Mère. C’était le jour où l’Église célèbre sa glorieuse Assomption, que nous avions rencontré les premiers Têtes-plates. Ce sera encore le jour d’une de ses fêtes, le 24 septembre, que nous arriverons au lieu destiné à devenir notre petit Paraguay ; le premier dimanche, fête du