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UNE ANNEE DE SÉJOUR

conduite de nos nouveaux guides les Têtes-plates, qui ne tardèrent pas à nous donner une preuve éclatante de leur dévouement au passage d’une rivière très rapide dite la Fourche-à-Louis ou la Rivière-aux-Serpents, du nom des sauvages qui en peuplent les rives. Un de nos Frères, ne pouvant guider les mulets de sa charrette, fut entraîné dans un endroit si profond, qu’en un instant lui et tout son équipage eurent de l’eau par-dessus la tête ; aussitôt les bons sauvages de se jeter à la nage, de remettre à flot la voiture, et de faire tant des pieds et des mains qu’il n’y eut de noyé que trois mulets et quelques sacs de provisions.

Arrivés le 29 près de la source du Missouri qu’on appelle Tête-de-castor, nous fûmes rencontrés par un deuxième détachement des Têtes plates, qui avaient à leur tête Ensyla, dit le petit chef, et nommé depuis Michel au baptême, à cause de sa fidélité et de son grand courage. Quelques jours auparavant, un parti de guerriers ayant été aperçu par un de nos gens qui était monté sur une hauteur voisine, nous l’entendîmes crier : Les Pieds-noirs, les Pieds-noirs ! À l’instant le petit camp se mit sur la défensive. Deux des plus braves Têtes-plates, levant le fusil en l’air, partirent au grand galop pour reconnaître l’ennemi ; déjà ils avaient disparu à nos regards, nous laissant dans une sorte d’anxiété ; mais bientôt ils reparurent à la tête d’une dizaine d’étrangers :