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XXVI
ITINÉRAIRE

Pendant plusieurs jours, on se trouva en vue des montagnes de la Rivière-au vent, avec leurs cimes glacées et couvertes de neiges. On franchit le Passage du Sud, le sommet des terres, qui divise les eaux de l’Atlantique de celles de la mer Pacifique. Sur le Rio-Colorado de l’Ouest, ou rivière Verte, qui se décharge dans le golfe de la Californie, nos voyageurs rencontrèrent une bande de la nation des Têtes-plates. Un grand nombre de Shoshonies et tous les chasseurs de castors s’y étaient réunis avec leurs familles indiennes, pour vendre leurs pelleteries aux négociants. Parmi eux se trouvait Jean De Velder, de Gand, qui avait passé environ quinze années parmi les Shoshonies, et qui, dès ce moment, suivit le Père De Smet et lui rendit de grands services dans ses longues courses. Tous les jours le Père disait la messe pour les chasseurs, leur prêchait, instruisait les enfants et les préparait à recevoir le baptême. Il eut le bonheur de le donner à un grand nombre d’entre eux. Ses guides Têtes-plates le conduisirent par des sentiers étroits et escarpés, à travers un labyrinthe de montagnes et de vallées, jusqu’au Vallon-à-Pierre, situé dans le voisinage des pics les plus élevés parmi les montagnes Rocheuses, appelés les Trois-Tetons. Les missionnaires dirigèrent leur course par monts et vallées vers la Rivière-au-Serpent, ou Fourche-à-Lewis, l’un des plus grands tributaires du fleuve Columbia. Ils le passèrent dans une espèce de bateau, construit avec des peaux. Chaque jour ils franchissaient des passages étroits, des plateaux élevés, de riantes plaines et des vallées ; souvent aussi on traversait des forêts de cèdres, de pins et de cyprès presque impénétrables, et des