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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

Au milieu de tant d’ennemis, nous tâchons de tenir ferme, de nous multiplier, de visiter beaucoup de postes, là surtout où le danger est le plus pressant, soit afin de prendre les devants et d’inculquer nos principes catholiques là où le poison n’a pas encore été répandu, soit afin d’enrayer les progrès du mal et d’en tarir la source même. Le combat a été rude ; les sauvages semblent maintenant ouvrir les yeux, et reconnaître quels sont les véritables ministres de Jésus-Christ. Le ciel se déclare pour nous. Si nous avions un prêtre pour tenir une mission permanente parmi les sauvages, dans deux ans tout le pays serait à nous. Les missions méthodistes tombent, elles perdent leur crédit et leur peu d’influence. J’ai eu le dessus au Wallamette, par la grâce de Dieu ; ce printemps, M.  M. Deniers et moi, nous avons enlevé au méthodisme un village entier de sauvages qui se trouve au bout de la chute du Wallamette ; M.  Demers a visité les Tchinouks du bas du fleuve Columbia ; ils sont disposés pour nous. J’arrive des cascades, à dix-huit lieues de Vancouver : les sauvages de ce poste avaient résisté jusqu’alors aux insinuations d’un prétendu ministre. C’était une première mission ; elle n’a duré que dix jours ; ils ont appris le signe de la croix, l’offrande du cœur à Dieu, l’oraison dominicale, la salutation angélique, le symbole des apôtres, les dix commandements de Dieu et ceux de l’Église. Je dois les revoir bientôt près de Vancouver, et en baptiser un bon nombre.