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VOYAGES

Seigneur avait daigné combler son peuple. Six à sept cents nouveaux chrétiens, en y comprenant les petits enfants, réunis dans une pauvre chapelle couverte de joncs, au milieu d’un désert où peu auparavant le nom du vrai Dieu était à peine connu ; y offrant à leur Créateur leurs cœurs régénérés dans les saintes eaux du baptême, et protestant de persévérer jusqu’à la mort dans son saint service : c’était là sans doute une offrande des plus agréables à Dieu, et qui, nous l’espérons, attirera la rosée céleste sur les Têtes-plates et sur les nations voisines.

Le 29, les gens du camp principal, accompagnés du P. Point, nous quittèrent pour la grande chasse des buffles : réunis aux Pends-d’oreilles, qui les attendaient à deux journées de marche d’ici, ils seront au delà de deux cents loges. Je suis rempli d’espoir dans l’attente des nouveaux succès par lesquels le Seigneur daignera, je l’espère, récompenser le zèle de ses serviteurs. Dans l’entre-temps, nous nous occupons, le P. Mengarini et moi, à traduire le catéchisme en langue tête-plate, et à préparer à la première communion environ cent cinquante personnes restées à Sainte-Marie. Nos bons frères et nos charpentiers continuent à entourer tout le terrain de la réduction d’une forte palissade munie de deux bastions. Cet ouvrage est d’une nécessité absolue pour nous mettre à l’abri des incursions furtives des Pieds-noirs, dont nous attendons de jour à autre une visite. Notre