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VOYAGES

et en donner la dispense, on célébra la cérémonie des mariages le lendemain du baptême ; elle contribua beaucoup à donner à la peuplade une haute idée de notre sainte Religion. Les vingt-quatre mariages contractés en ce jour offraient ce mélange de simplicité, de respectueuse affection et de joie profonde, qui sont les sûrs indices d’une bonne conscience. Il y avait parmi les couples des vieillards des deux sexes ; leur présence à l’église pour un tel acte, et qui prêterait peut-être à rire en Europe, ne rendait la cérémonie que plus respectable aux yeux de l’assemblée. C’est que chez les Têtes-plates tout ce qui touche à la religion est sacré ; malheur à celui qui se permettrait la moindre plaisanterie sur ce sujet. Chacun sortit de la chapelle, le cœur rempli de ces doux sentiments qui, épurés par la grâce, font le charme de la vie, et surtout de la société conjugale.

La seule chose qui parut étrange à nos Indiens, c’est qu’il fallut prendre les noms des témoins. Mais lorsqu’on leur eut dit que l’Église l’ordonnait ainsi pour donner plus de poids et de dignité au contrat de mariage, ils n’y virent plus rien que de raisonnable, et c’était à qui servirait de témoin pour les autres. Le même étonnement s’était manifesté dans le baptême au sujet des parrains. L’interprète avait rendu le mot de parrain, qui n’est pas de leur langue, par celui de second père. Les pauvres sauvages, ne sachant pas ce que signifiait ce titre, ni quelles obligations il pouvait entraîner,