Page:Pierre-Jean De Smet - voyages aux Montagnes Rocheuses.djvu/327

Cette page a été validée par deux contributeurs.
279
AUX MONTAGNES ROCHEUSES

se mit à l’œuvre de si bon cœur, que, dans l’espace d’un mois, tout fut achevé : les Têtes-plates eurent bientôt coupé dans les forêts deux à trois mille pieux, dont ils firent la clôture ; et pendant ce temps nos bons frères et les trois charpentiers que nous avions amenés avec nous construisirent, à l’aide de la hache, de la scie et de la tarière, une chapelle avec fronton, colonnade et galerie, balustrades, stalles, chœur, etc. On put y réunir, le jour de saint Martin, 11 novembre, tous les catéchumènes, et continuer à les instruire jusqu’au 3 décembre, date fixée pour le baptême.

Entre ces deux époques, il y eut tous les jours une instruction particulière, vers les huit heures du soir, pour les personnes mariées ou en âge de l’être ; elle durait ordinairement environ cinq quarts d’heure. Le recueillement de ces bons sauvages, toujours avides d’entendre la parole de Dieu, se faisait surtout remarquer alors, dans le silence de la nuit,

et en l’absence des petits enfants gardés à la loge par leurs frères et sœurs d’un âge plus avancé. Le bon Dieu exauça si bien leurs désirs, que le jour de saint François-Xavier, les Pères eurent la consolation de baptiser deux cent deux adultes.

Tant d’âmes ne purent être arrachées au démon sans exciter sa rage ; aussi en ressentit-on les effets à Sainte-Marie. Symptômes de défiance et d’autres tentations chez les mieux intentionnés ; maladie de l’interprète, du sacristain, du préfet de