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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

travers une forêt que les personnes d’un âge plus avancé. C’est une erreur. J’ai interrogé sur ce point des sauvages intelligents, et ils m’ont laissé la conviction que c’est à leur constante attention à la croissance des arbres et à la position du soleil qu’ils doivent cette grande facilité de se guider dans leurs courses. Ils retiennent non-seulement la position de tel et tel arbre, mais encore sa taille, sa forme, son espèce et sa dimension. Ils savent que, dans tout arbre, le côté tourné au nord a plus de mousse que ceux qui regardent les autres points cardinaux, et que le côté exposé au sud est celui qui a les branches les plus fortes et les plus nombreuses. C’est d’après ces observations et d’autres semblables qu’ils se dirigent dans leurs marches ; ils ont grand soin de les communiquer de bonne heure à leurs enfants. Moi-même je me suis souvent servi avec succès de leurs remarques, dans mes petites courses à travers les forêts.

Ils mesurent la distance des lieux par journées de marche. D’après toutes les observations que j’ai faites, leur journée équivaut à peu près à cinquante ou soixante milles anglais, lorsqu’ils voyagent seuls, et à quinze ou vingt milles seulement, lorsqu’ils lèvent le camp. Bien qu’ils n’aient aucune connaissance de la géographie et des sciences qui en sont la base, ils font néanmoins avec précision, sur des écorces d’arbres ou sur des peaux, le plan des pays qu’ils ont parcourus, mar-