Page:Pierre-Jean De Smet - voyages aux Montagnes Rocheuses.djvu/320

Cette page a été validée par deux contributeurs.
272
VOYAGES

stances de l’événement, il ne s’en informera que quelques jours après.

L’Indien montre une sagacité étonnante, et apprend avec la plus grande facilité tout ce qui exige l’application de l’esprit. L’expérience et l’observation lui donnent des connaissances que n’a pas l’homme civilisé. C’est ainsi qu’il traversera une forêt ou une plaine de deux cents milles, avec autant de précision qu’un nautonier, guidé par sa boussole, sillonne l’Océan, sans jamais dévier en rien de la ligne droite. Avec la même justesse, et à quelque heure que ce soit, il vous indiquera le soleil, n’importe l’épaisseur des brouillards ou des nuages qui l’offusquent. À la piste, il découvrira un homme ou un animal, ceux-ci eussent-ils marché sur les feuilles ou sur l’herbe. Cette merveilleuse perspicacité ne lui vient pas de la nature seule ; elle est plutôt le fruit de son habitude constante à réfléchir sur les connaissances déjà acquises par l’expérience des aïeux ; elle tient aussi à une mémoire excellente qui doit suppléer, dans les Indiens, à l’avantage, qui leur manque, de fixer comme nous leurs souvenirs sur le papier. Ainsi ils se rappellent avec une minutieuse exactitude tous les points des traités conclus entre leurs chefs, et l’époque exacte où les conseils ont été tenus.

Quelques écrivains supposent que les Indiens sont guidés par l’instinct, et que chez eux les enfants trouveraient aussi aisément leur chemin à