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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

dit comiquement : « Dans les montagnes, la viande ne se gâte pas. »

Les habitants des bords de la Rivière-à-Clark sont d’une stature moyenne. Les femmes y sont d’une malpropreté extraordinaire, même parmi les sauvages : leurs jupes de peau, dégoûtantes à voir, leur restent sur le corps jusqu’à ce qu’elles tombent entièrement en lambeaux ; à chaque instant elles s’essuient les mains à leur longue chevelure, qui, toujours en désordre, ressemble parfaitement à une brosse remplie de toiles d’araignées. Tous les matins, elles se frottent le visage d’une poudre mêlée de rouge et de brun, qu’elles y font tenir au moyen d’une couche d’huile de poisson. Quoiqu’elles paraissent moins esclaves ici qu’à l’Est des montagnes, elles sont pourtant chargées des ouvrages les plus pénibles. Ce sont elles qui cherchent l’eau et le bois, portent les effets dans le déménagement, pagayent le canot, nettoient le poisson lorsqu’on veut s’en donner la peine, car j’ai été dans des loges où j’ai vu le poisson sur les braises tel qu’il était sorti de la rivière. Elles préparent à manger à leurs maris, cueillent les racines et les fruits dans la saison, font des nattes de joncs, des paniers et des chapeaux sans bords, espèces d’omnibus comme je l’ai dit plus haut dans le récit de mon premier voyage. Une remarque assez singulière, c’est que les hommes, plus souvent que les femmes, y manient habilement l’aiguille ; au temps de la pêche et de la chasse,