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VOYAGES

il continua sa promenade à pied et en tua une seconde à coups de couteau ; enfin il s’empara d’un gros bœuf, l’étreignit et l’étrangla : aussi avait-il tout l’extérieur d’un véritable Hercule. Ils eurent ensuite la complaisance de me montrer, à ma demande (car ils ne sont pas vanteurs), les cicatrices des blessures que leur avaient faites les balles et les flèches des Pieds-noirs. L’un avait eu la cuisse percée de part en part de quatre balles ; il ne lui en restait qu’un peu de roideur dans la jambe, mais si peu qu’à peine pouvait-on s’en apercevoir. Un autre me montra le bras et la poitrine percés d’une balle. Un troisième, outre quelques coups de couteaux et de lances, avait reçu dans le ventre, à cinq pouces de profondeur, une flèche armée d’une pointe de fer. Un quatrième avait encore deux balles dans le corps. Un cinquième était boiteux : la balle d’un Pied-noir caché dans un trou lui avait cassé la jambe : croiriez-vous que le blessé, sautant sur l’autre jambe, fondit sur son ennemi, et que le trou devînt la tombe de l’agresseur ? J’exprimai le désir de connaître les remèdes dont ils se servent en pareilles circonstances ; surpris de ma demande, ils me répondirent en riant : « Nous n’y mettons rien ; les plaies guérissent d’elles-mêmes. » Ceci me rappelle la réponse que me fit l’année dernière le capitaine Bridge. Il avait eu, pendant quatre ans, deux armures de flèches dans le corps. Interrogé si les blessures avaient longtemps suppuré, il me répon-