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VOYAGES

prier, à tenir nos comptes toujours en règle ; et à la crainte d’un instant succèdent une joie et une reconnaissance durables.

Je dois avouer que je ne sais pas encore ce que c’est que de souffrir des privations pour le doux nom de Jésus. Au contraire, j’expérimente ici partout l’heureuse application du texte si consolant de l’Evangile : « Jugnm meum suave est et onus meum leve. » On trouvera au dernier jour que le nom du Sauveur a fait des merveilles parmi ces pauvres peuples, car l’empressement pour venir entendre sa sainte parole y tient du prodige. De tous côtés ils accourent sur mon passage, et cela d’une grande distance, m’offrant avec empressement tous leurs petits enfants à baptiser. Plusieurs m’ont suivi des journées entières uniquement pour assister aux instructions, Partout les personnes âgées demandent avec instance la régénération baptismale. Ah ! vraiment les entrailles se dessèchent à la vue de tant d’âmes qui périssent faute de secours. C’est ici qu’on doit s’écrier avec l’Évangéliste : « Messis quidemmulta, operarii vero paiiri. » Où est le Père de la Compagnie dont le cœur ne s’enflamme en apprenant ces nouvelles ? et où est le chrétien qui refuserait son obole pour coopérer à une œuvre comme celle de la Propagation de la Foi, l’œuvre la plus catholique et la plus glorieuse de notre siècle, puisqu’elle procure le salut de tant de milliers d’âmes, qui sans son secours resteraient ensevelies dans les ombres de la mort ?