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VOYAGES

tes espèces de tamarins, et le lychnis, plante médicinale dont parle Charlevoix dans son Histoire du Canada.

Nous ne rencontrâmes ce jour qu’une seule famille de Kalispels. Tandis que les vieilles femmes montaient la rivière dans leur léger canot d’écorce d’épinettes qui portait en même temps leurs petits enfants et tout leur ménage, les hommes marchaient à pied le long de la rive, armés d’arcs et de fusils pour la chasse du gibier. Dans tous les petits prés ou marécages que nous traversâmes, nous vîmes un grand nombre de chevaux que les sauvages y laissent sans gardiens souvent pendant plusieurs mois ; c’est ce qu’ils appellent mettre les chevaux en cage ; en effet, il est rare qu’ils s’en éloignent à une grande distance.

Nous entrâmes, le 4, dans une forêt de cèdres et de pins, si épaisse, que dans presque toute son étendue nous pouvions à peine voir à la distance de vingt verges. Nos bêtes de somme souffrirent beaucoup du manque d’herbe pendant les trois jours que nous mîmes à la traverser. C’était un véritable labyrinthe : du matin au soir on n’y faisait que tourner dans tous les sens pour éviter les milliers d’arbres que les feux, les tempêtes, ou l’âge avaient abattus. Enfin nous en sortîmes, et nos yeux purent s’étendre sur toute la surface du grand lac des Kalispels ou Pends-d’oreilles, sur ses îlots boisés de pins, sur ses baies, sur les collines qui, partant de ses bords, s’élèvent par terrasses