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VOYAGES

Nous y étions attendus par deux camps de Kalispels : avertis de notre arrivée, hommes, femmes et enfants accoururent pour me donner la main, avec toutes les démonstrations de la joie la plus sincère. Le chef du premier camp s’appelait Chalax ; je baptisai dans sa petite peuplade vingt-quatre enfants et une jeune Kootenaise moribonde. Comme le pays que nous avions à parcourir n’offrait que peu de ressources, il me procura six ballots de viande sèche de buffle.

Le chef du second camp, nommé Koylilpo, avait trente loges sous ses ordres : je résolus de passer la nuit avec ses gens. Je fus agréablement surpris en les entendant réciter fort bien les prières que j’avais enseignées aux Têtes-plates lors de ma première visite. Voici le mot de l’énigme : ayant entendu dire que je reviendrais aux montagnes l’année suivante, ils envoyèrent chez les Têtes-plates un jeune homme intelligent et doué d’une bonne mémoire, qui en peu de temps apprit et retint les prières, les cantiques et les points essentiels au salut : rentré dans son village, il employa tout l’hiver à les enseigner à ses compatriotes, et y réussit si bien, que je les trouvai parfaitement instruits. La même ardeur s’était communiquée aux autres petits camps avec le même succès. Ce fut une grande consolation pour moi de voir faire le signe de la croix, et d’entendre prier et chanter les louanges de Dieu, dans un désert de près de trois cents milles d’étendue, où jamais prêtre