Page:Pierre-Jean De Smet - voyages aux Montagnes Rocheuses.djvu/293

Cette page a été validée par deux contributeurs.
245
AUX MONTAGNES ROCHEUSES

et des troncs d’arbres placés comme à dessein pour en rendre le passage impraticable. Arrivés enfin au sommet de la montagne, nous traversâmes une jolie petite plaine appelée la prairie de Kamath : c’est là que les Têtes-plates viennent chaque année au printemps déterrer la racine de même nom qui avec la viande sèche de buffle fait leur principale nourriture à Sainte-Marie. Nous descendîmes ensuite dans une belle prairie, d’environ dix milles d’étendue, arrosée par deux ruisseaux, qui s’y unissent pour se jeter plus loin dans la Rivière-à-Clark. Pendant qu’on dressait la loge pour y passer la nuit, je vis un Pied-noir qui se cachait dans les environs ; je n’eus garde d’en parler âmes jeunes braves, qui n’auraient pas manqué de l’attaquer ; mais le soir je pris la précaution de faire faire bonne garde autour de nos chevaux.

Le lendemain était un dimanche : je célébrai le saint sacrifice de la Messe, et je baptisai trois petits enfants des Cœurs-d’alêne qui m’accompagnaient ; le reste de la journée se passa en prières et en instructions. Técousten, le chef de mon escorte, en fit deux à ses camarades et parla avec beaucoup de force et de précision sur différents points de la Religion qu’il avait déjà entendu expliquer.

Le lundi, fête de la Toussaint, après avoir célébré le saint sacrifice, je fis lever le camp, et nous nous rendîmes, par un défilé d’environ six milles, au gué de la Rivière-à-Clark.