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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

planté au milieu des loges ; on peut écrire en toute confiance sur la croix de sa tombe : In spem resurrectionis. Bientôt nous célébrerons la commémoration des fidèles trépassés ; elle nous fournira l’occasion d’établir la coutume si chrétienne et si touchante d’aller prier sur les tombeaux.

Les dimanches, les pieuses pratiques, quelque longues et multipliées qu’elles soient, ne sont jamais trouvées fatigantes. On sent ici que le bonheur des petits et des humbles est de parler au Père céleste, et que nulle maison ne leur offre autant d’attraits que la maison du Seigneur. Ici encore, le repos du dimanche est si religieusement observé, que, même avant notre arrivée, le cerf le plus timide eût pu se promener en toute sécurité au milieu de la peuplade, lors même que, faute de nourriture, elle eût été réduite au jeûne le plus rigoureux ; car à leurs yeux l’action de prendre son arc et de tirer une flèche en ce saint jour n’eût pas été moins répréhensible que ne l’était, chez le peuple de Dieu, le fait de ramasser du bois. Depuis qu’ils ont une idée plus juste de la loi" de grâce, ils sont moins esclaves de la lettre qui tue, mais non moins attachés au fond des choses. Ils font mieux : avant de rien faire qui puisse avoir l’apparence d’une œuvre servile, ils viennent éclaircir leurs doutes, ou solliciter, en esprit de foi et d’humilité, la permission dont ils croient avoir besoin.

Le grand-chef se nomme le Grand-visage, à