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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

de morts et de blessés ; et, chose vraiment étonnante ! du côté des Têtes-plates, dont chacun avait vingt adversaires à combattre, pas un mort, pas un prisonnier : un seul mourut des suites d’une blessure, mais seulement plusieurs mois après l’action, et le lendemain du jour où je l’eus baptisé : la pointe d’une flèche lui était restée tout entière dans la cervelle.

C’est dans cette affaire que le brave Pilchimoe, dont j’ai parlé plusieurs fois dans mes lettres, sauva ses frères par son dévouement. Les chevaux de toute la troupe paissaient isolés dans la prairie ; tout à coup arrive de loin au grand galop une bande de Pieds-noirs dans le dessein de s’en emparer. Pilchimoe voit le danger ; il était à pied, mais près de lui se trouvait une femme à cheval : la démonter, s’élancer sur son cheval, courir aux autres chevaux, les rassembler et les ramener au camp, tout cela fut pour lui l’affaire de quelques minutes.

Un autre guerrier, nommé Sechelmela, voyant un Pied-noir isolé des autres, s’apprêtait à l’attaquer, lorsque celui-ci, le prenant pour un des siens, le pria en grâce de le laisser monter en croupe sur son cheval. Le Tête-plate n’avait que son arc, le Pied-noir avait une carabine : Sechelmela conçoit le dessein de s’emparer de cette arme avant de se découvrir ; il laisse monter son ennemi derrière lui, chevauche quelque temps dans la prairie, et subitement, lorsque l’autre s’y attendait