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VOYAGES

Le cabri, pour la forme et la grosseur, tient du chevreuil ; seulement le bois du mâle est plus petit et n’a que deux branches. Son poil, imitant celui du cerf, est nuancé de blanc sur la croupe et sous le ventre ; ses jeux sont grands et très-perçants ; quand il traverse le désert, son allure ordinaire est un petit galop fort élégant ; de temps en temps il s’arrête tout court, se tourne et dresse la tête pour mieux voir ; c’est le bon moment pour le chasseur. S’il manque son coup, le cabri part comme un trait ; mais sa curiosité le porte à regarder encore : le chasseur, qui connaît son faible, paraît s’amuser en agitant quelque objet de couleur tranchante ; l’animal s’approche de plus près ; mais son imprudence cause sa perte. Le cabri est la gazelle ou l’élan des naturalistes. La chair en est saine, mais de moindre qualité que celle du cerf ou du chevreuil ; on ne le tue que lorsque le chevreuil, la grosse-corne, la biche, la vache de buffle manquent.

La grande chasse au cabri est très-remarquable ; les sauvages en font un jour de réjouissance. Ils choisissent d’abord un carré de cinquante à quatre-vingts pieds qu’ils entourent de perches et de branches d’arbres, n’y laissant qu’une petite entrée de deux à trois pieds. Des deux bouts de cette entrée, comme du sommet d’un angle aigu, partent en ligne droite deux haies très-serrées, qu’ils forment avec des branches, et qu’ils continuent jusqu’à une distance de plusieurs milles. Alors de