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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

fère du tout au tout, en ce qu’elle porte une queue et dés cornes, et qu’elle ne se trouve que dans les sables arides. Des voyageurs donnent à cette espèce le nom de salamandre.

Le rat des bois, espèce de blaireau, est très-commun ; on le trouve ordinairement dans les endroits marécageux, où il se nourrit de petites écrevisses. Voici le stratagème dont il se sert pour obtenir son mets favori : placé sur le bord d’un étang, il laisse tomber dans l’eau sa longue queue dépourvue de poil ; les écrevisses, avides d’un si bon morceau, s’en saisissent. Aussitôt que le rat sent leurs pinces acérées, il donne une forte secousse de sa queue, les écrevisses ne lâchent prise qu’en quittant leur élément ; alors le rat s’en empare, les met en sûreté à une petite distance de l’eau, puis les dévore avec avidité. Il a toujours soin de les prendre par derrière, les tenant de travers pour garantir sa bouche de leurs pinces.

Le blaireau proprement dit habite dans toute l’étendue du désert, mais il ne se montre guère ; il se tient toujours près de son gîte, et à l’approche du moindre danger, il y rentre au plus vite. Il est à peu près de la grosseur de la marmotte ; sa couleur est un gris argenté ; ses pattes sont courtes ; sa force est prodigieuse. Un jour nous en surprimes un assez éloigné de son trou pour qu’on pût l’empêcher d’y rentrer ; il se réfugia dans le creux d’un rocher ; un Canadien le saisit aussitôt par la patte de derrière, mais il eut