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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

sons en moins d’une heure. L’anchois, l’esturgeon, abondent dans un grand nombre de rivières de l’Orégon, ainsi que six différentes espèces de saumons. Ces derniers remontent les rivières vers latin d’avril, pour ne plus les redescendre. Les jeunes descendent au mois de septembre vers l’Océan, et les sauvages croient qu’ils ne remontent que quatre ans après.

Nous avons vu les ouvrages des castors ; la contrée où nous sommes est leur pays par excellence. Tout le monde sait l’emploi qu’ils font de leurs dents et de leur queue ; mais ce qu’on ignore peut-être, et ce qui nous a été assuré par les trappeurs, c’est que pour faire tomber l’arbre qu’ils abattent du côté où ils veulent construire leur digue, ils choisissent parmi les arbres du rivage celui qui penche le plus sur l’eau, et s’il ne s’en trouve pas qui ait une inclinaison suffisante, ils attendent qu’un bon vent vienne à leur secours. Qu’on ne s’étonne donc pas qu’une tribu indienne considère les castors comme une race dégradée d’êtres humains, dont les crimes et les vices avaient irrité le Grand-Esprit ; celui-ci, pour les punir, les réduisit pour un temps à la condition des brutes ; mais tôt ou tard ils seront rendus à leur forme primitive ; et même dans leur état actuel ils ont une espèce de langage ; car on les a vus, disent les Indiens, s’entretenir, se consulter, délibérer sur le sort d’un criminel de leur communauté. Tous les trappeurs nous assurent que les castors qui refusent de tra-