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VOYAGES

bles que les maringouins. Comme ils sont si petits que l’œil peut à peine les apercevoir, ils attaquent aisément la peau, et se glissent jusque dans les yeux, les narines et les oreilles. Pour s’en débarrasser, on met des gants, et sur la tête un mouchoir qui couvre le front, le cou et les oreilles ; on garantit le visage par la fumée d’une courte pipe.

Les mouches-à-feu ou vers luisants des montagnes ne sont pas nuisibles, leur grosseur est à peu près celle de l’abeille. Lorsqu’on les aperçoit en grand nombre le soir, c’est un signe certain de pluie ; alors, n’importe l’obscurité de la nuit, sillonnant l’air comme autant d’étoiles errantes ou de feux follets, leurs belles lueurs phosphoriques vous rendent la route distincte et visible. Les sauvages s’en frottent parfois le visage, et par plaisanterie, ou pour faire peur aux enfants, ils se promènent le soir comme des météores dans les environs du village.

Comme le gibier a manqué rarement à nos chasseurs, nous n’avons guère eu recours à la pêche que pour les jours maigres. Il est cependant arrivé que, nos vivres commençant à faire défaut, nous eûmes recours à nos lignes, plus heureuses que nos fusils. Les poissons que nous prîmes le plus souvent sont : les mulets, deux espèces de truites, les carpes, et deux ou trois différentes espèces inconnues. Un jour, campé sur les bords de la Rivière-aux-serpents, je pris à la ligne plus de cent pois-