Page:Pierre-Jean De Smet - voyages aux Montagnes Rocheuses.djvu/218

Cette page a été validée par deux contributeurs.
170
VOYAGES

gueur, la rivière offre une succession d’étangs à castors, l’un se viciant dans l’autre par une étroite ouverture creusée dans chaque digue, et formant une cascade de trois à six pieds d’élévation. Toutes ces digues, ouvrage des eaux (selon les trappeurs l’ouvrage des castors), sont formées de la même matière, et offrent les mêmes accidents que les stalactites qu’on trouve dans quelques cavernes.

Nous arrivâmes le soir à un demi-mille du fort ; mais n’y voyant plus et ne sachant où nous étions, nous campâmes cette nuit dans les broussailles, sur les bords d’un petit ruisseau et au milieu d’une nuée de maringouins.

Je sais pour la vie,

Mes très-chers frères,
Votre très-affectionné et attaché frère,
P. J. De Smet. S. J.[1]
  1. Après la petite lettre qui suit, le P. De Smet a interrompu sa relation pour donner successivement différents détails sur les productions des contrées qu’il a traversées, les dangers qu’il a courus, les dispositions morales des tribus sauvages, le plan qu’il se propose de suivre pour assurer et consolider leur conversion et leur civilisation, le lieu qu’il a choisi pour leur résidence permanente, les coutumes qu’il y a introduites, un voyage qu’il a fait dans l’intérêt de sa peuplade, enfin sur ce qui s’est passé dans la réduction pendant qu’il faisait ce voyage. Il n’a repris la suite de sa narration que l’année suivante, dans sa relation d’une année de séjour aux montagnes Rocheuses, adressée à M. le chanoine De la Croix.