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AUX MONTAGNES ROCHEUSES

ou l’arrêter dans une descente trop rapide, pour éviter enfin ce qu’on n’évita pas toujours, car de combien de culbutes n’avons-nous pas été témoins ! Combien de fois surtout nos bons frères, devenus charretiers par nécessité beaucoup plus que par vocation, ne s’étonnèrent-ils pas de se voir, celui-ci sur la croupe, celui-là sur le cou, un autre entre les quatre fers de ses mulets, sans trop savoir comment ils y étaient venus, et toujours remerciant le Dieu des voyageurs d’en être quiètes a si bon marché ! Pour les cavaliers, même protection : dans le cours du voyage, le P. Mengarini fit six chutes, le P. Point ne culbuta pas moins souvent ; une fois, étant lancé au grand galop, je passai par-dessus la tête de mon cheval qui était tombé ; et, à nous tous, en ces diverses occurrences, pas la moindre égratignure. Mais revenons aux charrettes.

C’est ainsi qu’elles furent conduites pendant dix jours, jusqu’à la rivière de l’Ours, qui coule au milieu d’une large et belle vallée, environnée de montagnes en apparence inaccessibles, et interceptée de distance en distance par d’affreux rochers qui occasionnèrent de longs détours a nos charrettes. Cette rivière décrit dans sa course la figure d’un fer à cheval et se jette dans le grand lac Salé, qui a environ 300 milles de circonférence, et n’offre aucun débouché vers la mer. Chemin faisant, nous rencontrâmes sur cette rivière plusieurs familles de Soshonies ou Ser-